La Nomad est une console qui m'a titillé dés que j'ai appris
son existence. Imaginez vous : une Megadrive portable, c'est le rêve pour
un amoureux de la 16 bits de Sega. Un rêve qui a un prix hélas,
car la console n'est pas donnée (enfin ca dépend de vos finances).
J'en ai trouvé une il y a quelque mois, vendue "pour pièces
détachées". Je l'ai eu à un prix raisonnable, me disant
que quelque soient les problèmes, j'arriverais à les réparer
( c'est beau, les éclairs de confiance en soit qu'on peut avoir).
La console est finalement arrivée et une fois sur la table d'opération,
j'ai compris la raison de la vente "pour pièce". Ne zappez pas,
vous aussi vous allez comprendre.
Le premier problème a été remarqué
avant même d'ouvrir ou même d'allumer la console : la molette
du potentiomètre servant à régler la luminosité
n'était plus en place. Oh, il n'était pas bien loin, elle se
balladait dans le boitier.
Premier challenge donc : comment remettre cette molette ? Bon, on va commencer
par dessouder le composant pour y voir clair.
Oui enfin pour ca, il faut déjà atteindre les
soudures de ses pattes, cachées sous un morceau de colle maintenant
en place un condensateur violet. Une seule solution ici : gratter avec une
pointe, en faisant attention au circuit en dessous.
Après un long moment de grattage, d'utilisation de tresse
à dessouder, et de brûlures ( ca conduit la chaleur, la tresse),
le potentiomètre est retiré. Détail à noter : il
a quatre pattes. En effet, ce n'est pas parce que deux potentiomètres
ont chacun une molette qu'ils sont interchangeables. Il y a leur valeur maximale
à prendre en compte, mais aussi leur structure : d'apres mes observations,
les potentiomètres pour le son ont cinq pattes, ceux pour l'image quatre.
Le circuit sans son composant, vue du dessus.
Le potar retiré.
Détail amusant, on peut constater que ce modèle à une
patte inutile ( celle du bas).
Donc comment remettre une molette sur un potentiomètre
?
Ma solution a été une punaise : sa tige, après recoupe,
devait être soudée sur le montant déjà en place
pour maintenir la molette attachée.
Un petit coup de fer à souder pour faire fondre les aspérités
et aplanir le centre, et la punaise est en place : son diamètre correspond
à la perfection.
Bonne idée sur le papier, échec en pratique.
Enfin pour l'option soudure : j'ai utilisé la punaise pour directement
remplacer la tige. On coupe un peu la pointe, on enlève la tige restante
à la pince coupante et on enfonce. Pour bien solidariser les deux parties,
j'ai pris la pince pour écraser un peu le restant de pointe.
Au bilan, les contrastes sur l'écran pouvaient à nouveau être
modifiés sans problème. Oui, grâce à une punaise.
La vidéo, ca va, mais pas de chance, le son était
faiblard. Et là le réparateur de Game Gear sait automatiquement
ce que j'ai fait ( celui qui regarde la photo de gauche aussi).
Dans une portable de Sega, son faible = condensateurs chimiques à changer.
D'autant plus que ceux en place ressemblaient vraiment à ce qu'on trouve
sur GG .
Ci présent les remplacés et les remplacants.
Comme auparant, les condensateurs sont surfaciques, mais ils ne doivent pas
être arrachés à la va vite ! Enfin vous pouvez mais vous
allez le regretter par la suite car les pistes sur lesquels ils sont se décollent
très facilement : j'en ai décollé une, justement, et
ca m'a fait suer pour la suite.
Une fois les condensateurs remplacé, le son était
meilleur...
... mais vraiment pas beaucoup, donc il y avait un autre problème.
Plutôt que de changer tous les condensateurs de la console, j'ai dessoudé
le potentiomètre du son et j'ai vu ca. Ca, si vous regardez bien, c'est
de la rouille, et pas juste à la surface : à l'intérieur
du composant aussi. Aucune idée de l'endroit où la console a
trainé pour ca, mais au moins je comprend les points d'oxydation trouvés
sur la deuxième moitié, coté cartouche.
Et même sur le circuit lui même, on a retrouvé
de la rouille.
J'ai essayé plusieurs méthodes, dont le dégripant pour
composants életroniques, et même essayé d'identifier la
reférence de la pièce pour en acheter une nouvelle, en vain.
Finalement devant un organe malade, j'ai décidé de faire une
greffe : après examen, le potentiomètre du son de la Game Gear
qu'il me restait sous le coude semblait correspondre et a en effet été
un très bon remplacant. La GG ne pouvait plus fonctionner, de toute
façon, car l'un des composants de son alim était en cendre.
On notera au passage les relativement volumineux condensateurs que j'ai mis
en remplacement.
Le son était alors un peu plus fort : bien, mais c'était
pas encore les installations du Zenith à Paris.
Ma solution ? Quit à piller l'autre portable, autant continuer, donc
j'ai pris le haut-parleur également.
Sur la Nomad, le haut-parleur est maintenu par un morceau de plastique et
deux vis. Sur Game Gear, il est maintenu par trois points fondus : trois petits
coup de fer et puis s'en va.
Le nouveau haut-parleur soudé avec les fils bien positionnés.
Cette fois au moins, on entend la console !
Pour la mise en place, celui ci s'est révélé légèrement
plus large que celui d'origine. Et donc après l'avoir placé,
il se bloque tout seul et n'a besoin de rien pour rester en place.
Le troisième problème n'était autre que
l'écran lui même. Voici l'image qu'il donnait avec un jeu : un
magnifique soleil de pixels morts au centre.
J'ai pas mal galéré pour trouver un écran
de remplacement, avant d'avoir l'aide de Io sur Obsolete-tears : ce que vous
allez utiliser est en fait un écran lcd utilisé pour les cameras
de recul des voiture. Pour trouver ca, une recherche sur ebay avec comme mots-clés
"3.5" TFT LCD Car" .
J'en ai pris un qui semble avoir pas mal d'avis favorables de la part des
bricoleurs Nomad : environ 20$ soit 14,64€ avec les frais de port ( et
un peu de patience).
Voici le contenu du paquet. On prend son tournevis, et on ouvre
ca rapidement.
Et voici l'intérieur. L'écran disponse d'un
circuit auquel il est relié par une nappe, et ce circuit est lui même
relié à l'alimentation et à deux sorties vidéos
via un connecteur blanc.
Le circuit dispose également de trois boutons poussoir servant aux
réglages : un pour sélectionner une valeur, les autres pour
la modifier. C'est pratique mais encombrant, car la place dans la Nomad est
très limité, donc ils ne pourront pas rester en place.
En, fait, la présence des boutons n'est pas vitale : le circuit peut
fonctionner sans. Ils sont toutefois recommandés si vous voulez un
jour pouvoir changer les paramètres comme la luminosité ou les
contrastes.
Mise en place du nouvel écran en complément de
l'ancien, histoire de voir si ca marche et de comparer. Le fil rouge correspond
à la cathode, ou alimentation : il vient se mettre à un endroit
précis du circuit, situé au dessus des touches directionnelles.
Si l'image ne le montre pas bien, repérez quatre séries de deux
points dans l'un des coins du circuit : le fil doit être soudé
aux points les plus à l'intérieur du circuit (sur l'un ou l'autre
voir les deux, car ils sont reliés et ont le même potentiel)
La masse et la sortie vidéo sont soudés de l'autre
coté du circuit. Le fil noir correspond à la masse ( en regardant
la photo en taille réelle, on constate que le point est relié
à la bordure du circuit.
Le fil blanc est l'une des entrées vidéos du nouvel écran,
qui en a deux : pour relier le circuit de l'écran à celui de
la console, je me suis contenté de reprendre le cable d'origine de l'écran
et de le couper pour l'utiliser.
Si la Nomad permet un replacement si simple de son écran, c'est grâce
à la sortie TV que le constructeur a ajouté, et qui délivre
un signal composite en direction d'un cable péritel : l'écran
que nous mettons vient récupérer son signal au niveau du connecteur
externe. La Game gear ne dispose pas de cette sortie, donc le remplacement
est beaucoups plus compliqué.
Voici l'ancien et le nouvel écran à titre de
comparaison. Etant donné la qualité du signal qu'il utilise,
le nouvel écran ne donnera jamais une image aussi nette que celui d'origine
: le signal composite étant de moins bonne qualité que le RGB,
l'image a un peu tendance à baver.
Enfin, l'important est quand même que le nouvel écran ne possède
pas de pixels morts, lui.
Autre détail : l'écran de remplacement est légèrement
plus grand que celui d'origine, donc les bordures des images ne seront pas
visibles.
Dernière remarque : comme les réglages de l'écran se
font grâce aux boutons du circuit de l'écran, le potentiomètre
de la luminosité n'est plus utile. En gros, ma réparation à
la punaise a juste un effet esthétique maintenant.
Donc l'écran fonctionne. Reste à le mettre
en place. Première étape, les boutons poussoir. Je les ai retiré
et et déporté avec du fil. Certaines personnes modifient le
boitier de la console pour les rendre accessibles, mais je n'ai pas voulu
prendre cette approche. Je voulais que les boutons soient utilisables depuis
l'intérieur de la console : après tout les réglages ne
doivent probablement pas être modifés si souvent que ca, d'autant
que les paramètres par défaut sont suffisants.
Bon ok sur ma photo, les fils sont très longs : ils ont été
raccourcis par la suite, et logés dans le creux juste à coté
des boutons Start et Mode. C'est le seul emplacement libre dans le boitier.
Pour mettre en place l'écran, ma première idée
a été d'utiliser le support métalique de l'écran
d'origine, en le fixant à la Patafix pour isoler les contacts du circuit
de l'écran et bloquer l'ensemble.
Mauvaise réponse ! Malgré le volume du boitier, l'espace disponible
est très restreint : ce que j'ai fait la première fois a créé
une surépaisseur et il a fallu appuyer un peu lors de la remise en
place du circuit vidéo. La sanction est tombée immédiatement
: lors du test, l'écran a montré des fissures causées
par l'écrasement. Et là forcément il a fallu que j'en
commande un autre et attende quelque semaines son arrivée ( au moins
pour le brancher, j'ai juste pris pris l'écran connecté la nappe
au circuit déjà soudé).
Conclusion : en remontant l'écran, mettez le moins
d'épaisseur possible.
L'écran d'origine de la Nomad, après ablation
( comprenez : arrachage ).
L'isolation du circuit du nouvel écran doit impérativement être
faite, car j'ai eu de mauvaises surprises sans ( simplement la console qui
ne démarrait pas, mais bon...). Personnellement, je l'ai faite avec
des rectangles coupés dans une pochette plastique transparente et glissés
de part et d'autre du circuit. Il y a surement de meilleures façons
de réaliser l'isolation, mais celle ci fonctionne et est très
simple à faire.
Pour la mise en place de l'écran dans le boitier, j'ai posé
l'écran seul dans le boitier et une fois centré, je l'ai entouré
de Patafix pour le maintenir en place. Non, je n'ai pas d'actions chez le
fabricant, mais ca colle pas mal, c'est isolant et s'enlève facilement
en cas d'erreur.
Et voila le résultat après remontage : ca marche,
pas de ronds de pixels morts et pas de fissures. Comme prévu, les bordures
de l'écran ne sont pas visibles, mais la gène est minime et
au moins on a une Genesis transportable.
Je précise Genesis, oui, car ce n'est pas une Megadrive : la Genesis
et la Megadrive sont la même machine à ceci près que la
Genesis est américaine et fonctionne en NTSC 60 Hertz, tandis que la
Megadrive est le nom européen et la machine fonctionne en PAL 50 Hertz.
Je m'en suis souvenu alors que je voulais me faire un petit Rocket Knight
Adventure dans le canapé, suivis d'un Streets of Rage 2 : les jeux
n'ont pas fonctionnés car ils sont en PAL. Or, la Nomad provenant des
Etats Unis ( elle n'est jamais sortie en Europe), elle est au format NTSC
et n'accepte pas les jeux PAL.
Remarquez, certains jeux sortis au début n'ont pas de zonage : j'ai
pu essayer Super HangOn et certains autres jeux de foot. La cartouche ici
utilisée est un cartmod, dézoné, donc pas de soucis.
Comme vous pouvez le voir, la console revient de loin : molette cassée,
composants rouillés, écran HS... En y pensant, il n'y a que le
circuit coté cartouche que je n'ai pas touché. Et encore ... à
force de séparer les deux moitiés pour bricoler, la nappe reliant
les deux a fini par s'abimer du coté vidéo ( les pistes métaliques
se décollant du support plastique). Pour éviter des dégats
irrémédiables, j'ai retourné la nappe, mettant le coté
abimé sur la moitié cartouche, où il ne serait jamais retiré.
Tout les travaux réalisés peuvent sembler laborieux, c'est sûr.
Si je devais remettre en état une autre Nomad, je saurais à présent
comment éviter certains problèmes, et aller plus vite pour d'autres
aspects. A tout le moins, cette page devrait vous permettre d'éviter certaines
déconvenues.